Le lacet
Le lacet
par Sam De Profundis @ssalim
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Je me souviens du lacet ouvert et de la bonne sœur. Au nom de religieuse, je préfère bonne sœur comme nom à lui donner tant elle était bienveillante douce et tant son sourire était consolateur. Je me méfie de tous les religieux mais jamais des bonnes sœurs.
On m’avait puni, enfermé dans le grenier. Je ne sais plus quel méfait j'avais commis et à cinq ans on commet beaucoup de bêtises surtout si l’on est heureux !
Ce qu’il me reste de cette torture infligée, c’est qu’il n’y avait aucune injustice. Ma punition contrairement à celle de Rousseau, était méritée. A moins que je n'étais déjà ce genre de personne qui quoiqu’on lui fasse subir, si cela est annoncé comme mérité, en faisait son du. Pourtant je n’ai pas la saveur de l’injustice dans ma bouche lorsque ce souvenir du lacet ouvert me visite.
A cinq ans dans l’obscurité du grenier, j’ai eu simplement peur. Je craignais que du noir surgisse celui qui sadiquement me déchiquèterait. Je craignait que cela fasse mal. Cette même crainte souvent je la retrouve maintenant. Les étrangers et même les autres me font subtilement et secrètement peur !
Lorsque l’on vint me sortir de mon cachot, mes larmes étaient abondantes et mes soupirs multiples et bruyants ! Mes soupirs et bien plus, mes larmes attendrirent ma bonne consolatrice. Elle souriait avec une pointe de sincérité que je ne remet toujours pas en question, je me dis combien elle était vraiment touchée pour moi. Mais la bonne bougresse me rappela que ma punition était méritée. Avais-je contesté cela pour qu’elle gâche son sourire navré, par l’aridité de cette remarque gratuite que personne ne contestait ? Ou bien se sentait-elle coupable d’avoir agit à l’encontre de moi de cette façon ? J’en souris que d’y penser maintenant ; je devais être un fieffé manipulateur au point de faire ressentir de la culpabilité à une bonne sœur pétrie, je m’imagine, du désir de n’être parfaite qu'à l’image de la Sainte Vierge !
Je voyais aussi que son sourire était amusé face au spectrale de désolation que j’offrais à voir. A cinq ans je suppose que tous humains ont un sens du drame aiguë !
Accroupie, elle souriait en refaisant mon lacet ouvert. Du haut de mon jeune âge, satisfait et souriant intérieurement , je regardais ma bonne sœur le témoin de ma désolation dont le lacet défait était la marque ultime !
Je ne me souviens pas d’avoir reçu un autre geste de consolation ma vie durant bien que je fasse à ce jour tant d’efforts pour maintenir mon lacet ouvert .Il faut croire que par décret divin on supprima les bonnes sœurs peut être pour me punir d’avoir été heureux…


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