Les taiseux de la grande guerre
por Sylvie Airaud @syldev
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Bonjour Shaun
Ce texte est la suite de mon projet Mademoiselle Henriette que j'ai publié sur l'autre cours . Pour l'instant mon projet global est fait de 4 grandes parties dont Mademoiselle Henriette dont j'ai écrit toute l'histoire depuis le premier chapitre publié sur le cours.
Cette seconde partie est inspirée à nouveau par les cartes postales et les photos de famille et raconte la grande guerre de mes aïeux. On y retrouve entre autres les personnes présentes dans Mademoiselle Henriette.
Merci de votre lecture.
et pardon pour la mise en page que je n'arrive pas à maîtriser complètement.
Les taiseux de la grande guerre
Ils sont de retour
Ils s'appelaient Paul, Louis, Jean, Charles , Frédéric, Pierre dit Edmond, Lucien, Jules, René. Ils ont été appelés lors de la mobilisation générale d'août 1914 et sont tous revenus, cela parait incroyable alors que des familles ont été décimées, que les monuments aux morts au centre des villages égrènent parfois jusqu'à quatre prénoms sous le même nom.
C'est une guerre terrible qu'ils ont tous vécu et dont ils n'ont rien dit. Dans la tradition familiale où se racontent souvent des évènements bien plus anciens, pas un mot n'est dit sur cette période, à l'image de tant de vétérans revenus sans un mot pour raconter.
Charles et Frédéric sont les frères de Marie, les demi-frères d'Henriette et Louis fut le premier mari de Marie. Paul et Jean les époux des deux sœurs Jeanne et Blanche, Pierre dit Edmond le père d'Armand le mari de Jeanne ma grand-mère, Lucien et Jules les oncles de mon père, René le premier mari de la mère de mon père.
C'est une génération appelée au combat alors qu'ils sont déjà installés dans la vie, mariés et pères de famille pour la plupart. Et même si certains ne rejoignent le front qu'en 1917, ils connaitront tous la campagne d'Allemagne.
La campagne d'Allemagne : comment ce terme de campagne peut-il à la fois signifier l'entrée en guerre et cette campagne où beaucoup vivaient, cette campagne où seules les femmes, les vieillards et les enfants pourront assurer les cultures.
La campagne d'Allemagne : la guerre d'usure, la stratégie des généraux qui a figé les armées dans les tranchées, l'usure des hommes qui survivent. Quand ils sont partis en août 1914 ou ont rejoint le front en 1917 pour les plus âgés, ils n'étaient pas ces fanfarons que l'on a voulu décrire la fleur au fusil, pressés d'en découdre avec les "boches". Le mythe patriotique et le courage sont au fond de leur cœur mais se cache aussi une indicible résignation devant la tâche à accomplir.
Ce qu'ils en ont pensé, ils ne l'ont pas dit, ils n'en ont pas parlé, ils n'ont pas dit le chaos, peut-être que ce qui n'est pas formulé n'existe pas. Ils ont connu les batailles les plus dures, celles des livres d'histoires et de mémorials où les croix s'étendent à l'infini, ils ont vu leurs camarades mourir déchiquetés et ils sont tous revenus, les uns après les autres après novembre 1918 ou au début de l'année 1919. Ils sont revenus presque valides comme une armée des ombres qui émerge des tranchées; Une longue cohorte qui revient à la vie , avec un bras ou un œil en moins, et les poumons détruits par les gaz. Ils sont tous revenus avec leurs cauchemars.
Sur la rive droite il n'y fait pas bon
Charles et Frédéric sont artilleurs. Ils sont très beaux dans leur uniforme et les photos que Marie a conservées les montrent souriants et pensifs.
Le régiment de Charles a suivi la géographie des batailles durant les quatre années jusqu'à son retour en 1919.
Frédéric est blessé à Verdun par un éclat d'obus en 1916 , il perd l'usage de son bras et est réformé définitivement.
Quelques cartes postales de l'album de Marie apportent un témoignage ténu. Depuis la mort d'Henriette, Marie a repris le grand album de sa sœur et le complète avec les cartes qu'elle reçoit et y range également celles qui sont adressées à Clémentine.
Lucie écrit depuis Crevant et donne des nouvelles de Charles qui est à Verdun. Roger est leur fils .
Lettre de Roger à sa grand-mère Clémentine le 19 juillet 1916, écrite par Lucie.
Ma Chère Mémé
Je vous en envoie cette petite carte pour vous remercier du bonjour que vous nous avez fait donné par Titine mais j'aimerais bien mieux vous embrasser pour de bon.Si cette maudite guerre était seulement finie et que j'aurais le bonheur de revoir mon Papa chéri sain et sauve, quel bonheur pour moi et ma maman ma chère mémé et vous aussi serez bien contente de revoir tous vos enfants et petits-enfants. Enfin espérons qu'ils reviendront tous et que j'irez à Paris vous embrassé avec mon Papa.En ce moment il est toujours à Verdun près du fort de Vaux il nous a écrit qu'il y avait bien des artilleurs de tué, que pour le moment il n'avait encore pas eu mal mais qu'il voudrait bien être sorti de cet enfer de Verdun.Plus rien à vous faire part ma chère mémé, que je vous embrasse de tout mon petit coeur avec ma maman.Votre petit Roger qui parle souvent de vous avec sa maman.
La carte postale représente un petit garçon avec ses habits du dimanche, un costume avec une culotte courte et des chaussures vernies. Il tient dans ses mains un bouquet de fleurs.
Carte de Lucie à Clémentine le 13 août 1916
Chère Maman
Quelques mots pour vous dire que Charles va bien ainsi que votre petit Roger et moi. Charles nous a écris hier qu'il espérait venir en permission du 9 au 10 septembre. celà fera neuf mois qu'il n'est pas venu.le temps nous parait bien long. je vous assure que les jours sont bien comptés en attendant.a son arrivée il a eu bien du mal ils ont été bombardés mais ils ont tenu quand même. Ils ont été cités deux fois à l'ordre, la première fois du 20 au 21 juillet à l'ordre du régiment, la deuxième citation du 28 au 29 juillet cité à l'ordre de l'armée parce qu'il avait tenu sous un bombardement violent, il espère avoir une troisième citation.
Il est toujours à Verdun et il dit que ça tape fort là où il est.
Je termine en vous embrassant bien fort ainsi que votre petit Roger.
Votre fille qui pense à vous Lucie
Crevant le 15 octobre 1917
Ma chère mémé
Maintenant que je suis grand j'en profite pour t'écrire un petit mot,je t'embrasse bien fort...
Mon Papa est toujours a Verdun sur la rive droite il ny fait pas bon
je t'embrasse bien fort ainsi que ma maman ton petit Roger qui pense bien à toi et qui t'aime beaucoup. Roger Aubard
Verdun une si terrible bataille qu'un écrivain de la seconde moitié du 20ème siècle nommera ainsi une petite fille qui hurle sans fin et que seul un vieil homme arrive à calmer.
Verdun un nom de ville devenu un nom de bataille symbole de la grande guerre. C'était une campagne avant 1914 et aujourd'hui c'est à nouveau une campagne qui veille les morts des tranchées qui n'ont pas été retrouvés.
Verdun : qui est autorisé à en parler , qui peut imaginer ce que les films et les livres ont raconté , à défaut de ce qu'auraient dit les soldats dont presque tous se sont tus mais que l'on a fait parler dans tant de livres et de films.
Verdun , qui évoque l'incantation de ce film si particulier
Tu n'as rien vu à Hiroshima, tu n'as rien vu à Verdun
et cette voix profonde qui hante les mémoires
Tu n'as rien vu à Verdun, tu n'as rien vu à Hiroshima.
3 comentarios
shaun_levin
Profesor Plus@syldev Bonjour Sylvie, Maravilloso leer más de tu historia y ser testigo de su evolución. Es interesante cómo las fotografías y las cartas se convierten en una especie de memoria viva, pero también a veces en la única forma de intentar comprender una "historia", un acontecimiento, un momento de la historia del que muchos no querían hablar. Como usted dice: "Dans la tradition familiale où se racontent souvent des évènements bien plus anciens, pas un mot n'est dit sur cette période, à l'image de tant de vétérans revenus sans un mot pour raconter". Mi sugerencia aquí sería hacer una pausa y escribir sobre los eventos más antiguos de los que habló la familia; esto también nos daría una idea más clara de quién es la familia y por lo que han pasado.
Las cartas escritas por los niños son muy conmovedoras. Crean un maravilloso contraste de ternura, pero también el conocimiento aleccionador de que estos son los niños que crecerán para experimentar la próxima Guerra Mundial. Otro momento en el que sugeriría hacer una pausa y agregar detalles es describir la postal con el niño sosteniendo las flores. Tengo una colección de fotos de esa época (¡compradas en el mercadillo de Lille!), y son imágenes fascinantes. Tal vez el niño de la foto creció y se convirtió en soldado. Deja volar tu imaginación e inventa historias.
La última parte de la historia es particularmente poderosa. Me encanta la repetición de Verdun, la forma en que la escritura se vuelve como un poema. El lirismo es también un fuerte contraste con la brutalidad de los acontecimientos. Una vez más, mi sugerencia sería jugar con la palabra aún más, tal vez para escribir sobre lo que te evocan las diferentes sílabas. El sonido "Ver" que es verde y gusanos y un vaso. Y el "dun" que es una duna. Por muy poderosa que sea la historia, lo que siempre es más interesante es tu imaginación y la forma en que interpretas los hechos, los documentos, las fotos y las cartas. Y es tu imaginación lo que hace que el libro sea interesante. Espero que estos pensamientos y sugerencias le sean útiles a medida que continúa escribiendo el libro. Manténganos actualizados en el camino. ¡Saludos desde España!
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syldev
@shaun_levin Hola Shaun Muchas gracias por tus comentarios y lectura atenta. Destacas algunas de las dificultades que encuentro. Me cuesta dejar volar mi imaginación y tiendo a no atreverme a ir más allá. Lo que escribes me anima enormemente. Continuaré en esta dirección. Me parece haber leído una frase de Flaubert que esencialmente dice que el estilo es más importante que la historia que se cuenta.
En cualquier caso, gracias por tus comentarios porque lucho todos los días para no desanimarme.
¡Saludos soleados desde Normandía!
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shaun_levin
Profesor Plus@syldev De nada. Disfruta el proceso, es la mejor manera de combatir el desánimo :)
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